“Gabriel Osmonde ou la métaphysique des gros seins”, dans Mythes et érotismes dans les littératures et les cultures francophones de l’extrême contemporain, Sous la direction de Efstratia Oktapoda, Amsterdam/New York, Rodopi, 2013, pp. 261-282
Trois univers
Pour Laura Baroncelli, héroïne du Voyage d’une femme qui n’avait plus peur de mourir (2001)[1], la vie est devenue fade et sans devenir : « Un soir, en surprenant Serge endormi devant l’écran piqueté de figurines de footballeurs, en voyant surtout sa bouche entrouverte comme dans une envie de mordre, elle trouva l’une de ces formules et put rester calme : « La vie conjugale, pensa-t-elle, est une lente accumulation des traits qu’on jugerait parfaitement insupportables avant le mariage et auxquels on se résigne de plus en plus facilement avec les années[2] ». Sur le point de s’ouvrir les veines dans sa baignoire après le décès de cet être insipide qu’était devenu son époux, une empreinte de pied nu luisant sur le carrelage attire son attention. A la fin d’une longue quête, elle surprendra un visiteur venant la nuit et à la confrontation, se révèlera l’amour :
Elle ne l’a jamais vu de jour. Et la jeunesse, la beauté de cet homme qui la regarde en silence l’effraient. Il est très grand, ses traits sont sculptés avec puissance et simplicité, ses cheveux ont des reflets flammés. Elle se lève sans oser faire un pas vers lui, se sentant soudain infiniment vieille, lourde, laide.[…] Il s’approche, lui tend ses mains. Et il y a dans son regard souriant tant de lumière qu’elle s’y voit belle, aimée, attendue. Seul le regard d’un homme qui aime reflète véritablement la beauté d’une femme, tous les autres miroirs sont déformants.[3]
Le second roman, Les 20.000 Femmes de la vie d’un homme (2004)[4], décrit la découverte des revues pornographiques de son père par un adolescent, Alex Taraneau, et les tribulations inattendues qui s’ensuivent,. Les semaines succédant sa découverte, Alex vit dans un monde d’extase, les photos érotiques des revues, supputant le nombre incalculable de femmes qui l’attendent dans sa vie d’adulte jusqu’au jour où il décide de préciser ce nombre. Il pense que le résultat approchera le million, le milliard peut-être. Quelle n’est pas sa stupéfaction d’arriver au chiffre dérisoire de vingt mille. « Déçu par les capacités réduites de sa calculette, il se mit alors à compter sur une feuille de papier, dans ce même cahier où les “X” et “Y” s’accouplaient dans leurs unions stériles[5] ». L’âge adulte atteint, Alex sera toujours surpris par : « […] l’absurde routine des habitants de la ville. Ceux-ci se levaient tôt, buvaient du mauvais café, sortaient sous la pluie, rejoignaient leur lieu de travail plus ou moins détesté, rentraient pour retrouver un époux ou une épouse à qui on n’avait plus envie de parler, un corps avec son dépôt de grisaille charnelle[6] ». Pour échapper à cette vie sans jouissance, Alex part affronter son destin durant une croisière entre Helsinki et les îles Lofoten sur le Queen of the Baltic, authentique paradis flottant du sexe.
Le troisième roman, L’Œuvre de l’amour (2006)[7], approfondit les thèmes des livres précédents. Son héros, Stanislas Godbarsky, un renégat de l’intellectualisation des hypocrisies de notre société, se révolte contre la médiocrité de l’amour bien-pensant. Avec pour seules armes son appareil photographique et son érotomanie, au service des revues pornographiques, il refuse le pardon au monde dans lequel nous vivons puisqu’il nous transforme en « rats égoïstes, solitaires, incapables d’aimer ». D’une écriture à l’originalité visionnaire, le roman tracerait-il les particularités du monde de l’édition parisienne ou tout simplement celui de la littérature actuelle ? Est-ce un roman à clé ? L’Éros sombre et sémillant de Godbarsky est transporté par le style fastueux de son auteur et soutenu par une compassion fougueuse d’impétuosité, déchirant dans ses écrits ou ceux de son étudiante en réponse à Corpus Mundi la société d’édition de romans-photos qui engendra La Métaphysique des femmes aux gros seins.
Godbarsky est philosophe peut-être avant tout : « Son regard suspendit ma parole. Ses traits reproduisaient dans une transcription encore plus pénible, ma mimique torturée. Jamais je n’avais éprouvé une coïncidence aussi complète avec l’âme d’autrui. L’âme… Le temps de trouver un mot moins sot, j’entendis sa voix douce comme celle qui sonde le sommeil d’un être cher qu’on voudrait réveiller sans lui faire peur[8] ».
De Osmonde à Osmonde
Gabriel Osmonde a su créer un univers où des personnages et des situations réapparaissent d’un roman à l’autre, véritable « comédie humaine ». Authentique architecture scripturale où la vision soutenue par le style engendre les cintres d’une nef où se célèbre le dépassement de l’amour. Les passerelles étroites, telles des fulgurances transportent le lecteur d’un roman à l’autre. Parfois, un brasillement, si intense qu’il en obscurcit la pensée, le tient en arrêt devant une seule phrase, un seul mot déployant l’accès à un autre monde, celui d’un autre roman. Superstructures délicates, mais consistantes, de l’œuvre en devenir, déjà présente en ce trio d’univers. Par exemple, une boutique d’appareils sanitaires, lieu principal du premier roman, Le Voyage d’une femme qui n’avait plus peur de mourir, ressurgit en détail dans le second, Les 20.000 Femmes de la vie d’un homme.
C’est un magasin de salles de bains, il se souvient qu’un jour avec sa femme ils ont acheté des choses qu’ils croyaient vitales pour leur bien-être : des robinets, des mitigeurs… A présent la maison a l’air abandonnée, les fenêtres du premier sont noires, les volets métalliques du rez-de-chaussée bien fermés. Non, pas tous. Il discerne soudain une étroite faille éclairée entre leurs pans de métal, s’approche, colle son visage à la feuille d’acier. Il ne voit d’abord qu’un rai de lumière faible, le marbre clair d’une cheminée, le dallage du sol. Et ce bras, cette main qui tient, inclinée vers le bas, une lampe de table. Ensuite, cette femme qui observe avec attention les dalles à ses pieds. Lentement, elle dirige la lampe d’un côté puis d’un autre, comme si une trouvaille fabuleuse, ou une simple aiguille, allait briller dans la jointure de ces carrés usés.[9]
Cette vision est celle de Taraneau au cours d’une promenade nocturne et le magasin celui de Laura chez laquelle un couple – Alex et sa femme ? – est venu s’approvisionner parfaire l’installation de leur salle d’eau :
Les clients lui montrent le robinet sur lequel est tombé leur choix : un mitigeur monocommande pour lavabo, bec extractible. Elle les accompagne jusqu’au pas de la porte, les voit s’éloigner. “Des gens qui vont, se dit-elle, ouvrir et refermer ce robinet plusieurs fois par jour, pendant de longues années… Jusqu’à leur mort peut-être !” L’idée lui paraît si monstrueuse qu’elle fait quelques pas en avant comme si elle pouvait encore rattraper le couple qui traverse déjà la rue du Faubourg-Poissonnière. Comme s’il était possible de les appeler : “Attendez, vous allez vous laisser piéger par ce robinet inusable que vous serez obligés de tourner toute votre vie ! Le test d’endurance l’a démontré, il résiste à plus de deux cent mille manœuvres. Jetez-le et partez ! Où vous voudrez, mais partez !” Ses clients hésitent un instant au carrefour (ils sont nouveaux dans le quartier) puis prennent la rue Hauteville.[10]
L’éclat des robinets mitigeurs le dispute en nitescence à la fente des volets, passerelle de l’extérieur – où se situe Taranneau – à l’intérieur – où se tient la femme – menant au cœur des deux romans fugacement réunis par ce rai de lumière, impératif, catégorique, excluant la part d’ombre enrobant la rue. C’est-à-dire toute contingence spatio-temporelle en dehors de ce faisceau qui se fait trajectoire. Expérience individuelle de Taranneau rencontrant l’altérité de Laura, la passerelle lumineuse devient le contexte unificateur. Pénétration métaphorique, viol de l’intimité de l’autre par celui dont le regard, de la périphérie se dirige vers le centre. Le regard de l’un et de l’autre, bien que divergents en leur quête respective, se rejoignent en leur effet investigateur.
Héroïne du premier roman, alors que la lame du rasoir entame déjà la peau tendre du poignet, Laura Baroncelli vivant seule dans son appartement, aperçoit sur le dallage l’empreinte fraîche d’un pied nu. Cette apparition incongrue, la fait sortir de l’eau tiède où elle comptait se donner la mort. Armée d’une torche électrique, elle inspecte le carrelage minutieusement :
Les dalles étaient nettes, sans la moindre trace, juste ce vieux gant maculé de plâtre qui traînait près du fauteuil. “Donc le rasoir…, pensa-t-elle, une coupure à chaque poignet, l’eau chaude empêchera le sang de coaguler.” Elle baissa la lampe, d’une main lasse. Et c’est dans cet angle de lumière rasante que soudain, tout près de la cheminée, elle vit l’empreinte – un long pied nu, aux courbes oblongues et élégantes. Madame Baroncelli se redressa et, sentant en elle l’étonnant regain d’énergie que provoque un danger vaguement surnaturel, elle prononça à mi-voix : “Et bien, il faudra que je tire tout ça au clair.”[11]
Plongé dans le second roman, le lecteur comprend qu’Alex Taraneau dans le passage évoqué plus haut, aperçoit l’héroïne du premier roman prospectant le carrelage.
De même, à la lecture du troisième roman, L’Œuvre de l’amour, Sandra Cohen par ses écrits rappelle Laura écrivant sur la métaphysique des corps : « “L’enfer c’est les autres” serait une simple pirouette rhétorique, un racolage intellectuel bon à épater quelques bourgeois hypocondriaques si on ne le complétait pas avec “le paradis c’est les autres”, formulé non pas dans une opposition sophiste mais dans la synchronie du vécu. L’enfer et le paradis, ici et maintenant, au même moment, parfaitement interchangeables dans chaque acte. Oui, chaque geste, regard, jugement de l’autre est à la fois enfer et paradis. Consubstantiels et pourtant inconfusibles ![12] ». Mais, Sandra Cohen ira plus loin, beaucoup plus loin, jusqu’à l’anéantissement corporel, dans le vécu d’une quête philosophique absolue, inspirée par son maître Godbarsky.
L’Œuvre de l’amour
La quête existentielle par la sexualité est exprimée chez Gabriel Osmonde et plus particulièrement dans L’Œuvre de l’amour. Stanislas Godbarsky, intellectuel défroqué, SDF, libre-penseur, accusé de folie, devient par nécessité de recherche identitaire et du sens de la vie, photographe pour revues pornographiques. Extraordinaire destin que le sien. Son étudiante, Sandra, le suit jusque dans ses phantasmes et délires les plus obsessionnels. Le corps de la femme, synonyme de la temporalité, permet à Godbarsky d’exposer sa philosophie personnelle par des ekphraseis dans lesquelles l’esthétisation de moments instantisés ressortissent à son moi profond.
Stanislas Godbarsky est un bossu, descendant d’une lignée de nobles qu’il ne perpétuera pas. Ses camarades de classe le harcèlent et se moquent de lui. Après une raclée particulièrement sévère, il perce l’hypocrisie sociétale : « Ainsi, ce jour de printemps, je fis mon premier pas derrière la toile que les hommes maculent de leurs mensonges (le Bien, le Mal, l’Histoire, l’amour du prochain…). L’idée de pouvoir percer ce barbouillage m’exalta. J’observais mes condisciples, ces futurs adultes qui passeraient leur vie à repeindre le décor de leur bonheur familial, de leur gagne-pain, de leur routine…[13] ». Un destin fade auquel échappera Godbarsky qui restera libre car « […] en s’engageant dans cette voie on se rendait ainsi, et de la manière la plus inquiétante, dépendant d’une partie du monde extérieur, à savoir de l’objet aimé, et que l’on était exposé à une douleur intense du fait de son dédain ou de sa perte s’il était infidèle ou venait à mourir[14] ».
L’Œuvre de l’amour s’ouvre sur une histoire de pomme. La mère de Stanislas Godbarsky se plaît à distraire ses invités :
La pomme est coupée et ma mère en offre la moitié à sa belle-fille, Barbara Radziwill, qui fixe le fruit d’un œil apeuré : “Puisque vous refusez de partager un repas avec moi, partageons au moins ça.” La jeune femme lève les yeux sur son mari. C’est de lui que vient l’interdit. Mais là… Si la pomme était empoisonnée, sa mère ne la croquerait pas, le sourire aux lèvres, comme elle le fait à présent. Il incline la tête pour encourager sa bien-aimée. Barbara mange et, quelques heures plus tard, le feu du poison se met à dévorer ses entrailles. Ma mère ne cache pas sa joie. Sa belle-fille meurt, défigurée, la peau noircie et sanguinolente…[15]
Cette pomme empoisonnée symbolise la vie croquée à pleine dents, un leurre pour les êtres humains, morts-vivants, morts en attente dont la lucidité godbarskienne a percé les reflets mensongers les enfermant dans la bienséance fangeuse et nauséabonde de laquelle ils n’osent s’échapper. Une société « prête à tout pour qu’on ne remarque pas que dans tout cela il n’y a pas une ombre d’amour. Elle est prête même à fermer les yeux sur un studio où l’on filme les hommes qui éjaculent dans les seins fendus d’une femme…[16] ».
La femme de Godbarsky travaille dans l’humanitaire et y racole ses amants. Un contrat de bons échanges s’est installé dans le couple : « Elle ne me demandait presque rien en retour : fermer les yeux sur certaines failles de son engagement, mépriser la société capitaliste, et voir ce gros Africain, Isidore, souvent invité chez nous, un valeureux combattant des causes du tiers-monde et non pas un éventuel amant, un profiteur qui troquait la vigueur de sa verge contre le gîte et le couvert. J’avais appris à me montrer aveugle[17] ». Si Godbarsky cadenasse ses sentiments envers la gaudriole de sa moitié, ses raisonnements fustige ses amants métèques dans des tirades mentales dont l’acerbité le dispute au pleur sous-jacent.
Je me disais alors qu’en vérité je n’avais aucune sympathie pour ces populations affamées ou en guerre. Et que les Africains étaient des nègres incapables de bâtir une civilisation digne de ce nom. Et que les Maghrébins auraient dû implorer les Français de revenir les recoloniser pour leur plus grand bien. Et que les juifs… Je me surprenais à avoir sur eux à peu près la même opinion que celle qui circulait, jadis, dans les dîners qu’organisait ma mère. “Complot international, juiverie mondiale…” Cela ne m’empêchait pas de parler avec une belle vibration vocale des victimes de l’Holocauste, de signer des pétitions contre l’antisémitisme. Souvent, je percevais dans la voix de nos camarades un vibrato aussi profond et aussi faux.[18]
Godbarsky, dans l’impossibilité de communiquer avec sa femme, tente cependant de lui conter sa première visite décevante à une prostituée dans les bras de laquelle il avait espéré trouver ce qui s’esquivait des étreintes domestiques : « Deux corps venaient de se frotter et au lieu d’une flamme, juste un peu de fumée qui me piqua les yeux[19] ». Godbarsky ne pourra pardonner à Rosa d’avoir flétri la couche conjugale avec son dernier amant en date s’ébrouant dans la salle de bains. Il aurait pu tout supporter : « Mais il y a dans la vie, tu vois, quelque chose qu’on n’a pas le droit de souiller. C’est comme si tu frappais au visage un enfant endormi ou poussais un aveugle sur un faux chemin[20] ». La dépression guette Godbarsky et devant sa classe de philo ahurie dont chaque étudiant lui est pourtant cher, il prononce un discours où s’élance sa pensée, délivrée du carcan du politiquement correct. Il se reprend pour s’élancer encore plus avant dans l’abstraction :
“Non, je ne suis pas Dieu. Je suis un bossu vieillissant plaqué par son épouse. Comme je n’ai plus personne à qui faire l’amour, j’achète des revues pornographiques. Mais, vous voyez, même dans cette fange il y a la présence du divin. Je vais vous montrer une de ces revues, je l’ai dans mon sac, vous verrez. Il y a bien sûr toutes ces pénétrations, ces bouches gloutonnes et puis, sur une photo, une fenêtre, un rideau, on sent le vent d’un soir d’été… Attendez…”[21]
Alors que les étudiants s’ébranlent vers la sortie, tentant d’échapper à celui dont ils présument une démence, Godbarsky profère des paroles tâchant de leur inculquer la temporalité existentielle à la Pierre de Ronsard revisité par la globalisation galopante des mœurs adolescentes : « “Toi, pauvre crétine, vas-y, suce-le mais n’oublie pas que le temps veille, la mort veille ! Bientôt tu auras dans la bouche le pénis pourrissant d’un cadavre. Le Temps punit ceux qui renoncent à l’amour, ils vieillissent à vue d’œil. Oui, tu embrasseras la bite d’un macchabée !”[22] » sans leur cacher « l’extrême pauvreté combinatoire du plaisir humain[23] ». Après cet éclat classificatoire, le Proviseur reconnaît ce qu’elle croit être un accès de folie et lui conseille une longue saison de repos. Cependant, dans l’esprit de Godbarsky, « Ce que les autres allaient taxer, chez [lui], de démence, était finalement la simple disparition de la frontière entre le langage intérieur et la parole prononcée. Et aussi l’extase presque orgastique de pouvoir tout dire[24] ». Godbarsky est atteint d’une inadaptation fondamentale. Une excessive lucidité en est la finalité transactionnelle s’évasant en un égoïsme profond. « Un solide égoïsme préserve de la maladie, mais à la fin l’on doit se mettre à aimer pour ne pas tomber malade, et l’on doit tomber malade lorsqu’on ne peut aimer, par suite de frustration[25] ». Gordbarsky finira par aimer d’un amour transcendant, mais différent et certainement pas conjugal. Mais, il sera loin de s’ajuster à cette société mensongère et hypocrite qui transforme ses sujets en rats incapables d’aimer : « L’inadapté ne s’accommode pas… Au départ de nombreux désastres psychiques il y a une soif de vérité forcement méconnue par la psychanalyse, une protestation obscure mais radicale contre la violence et le mensonge inséparables de tout ordre humain[26] ». L’inaccessible devient un but en soi.
À la clinique psychiatrique où la direction le fait interner, sa lucidité acérée lui tient lieu de compagne : « Aujourd’hui, on a relâcher la bête et au lieu d’écrire des sonnets et d’aimer d’un amour courtois nous baisons en bafouillant trois mots de vocabulaire de cul[27] ». Après son séjour et l’abandon de Rosa, Godbarsky se réfugie dans une cave chez des amis. Sa nouvelle domiciliation lui semble une invite au suicide, mais « […] son anxiété de guetteur de femmes[28] » le mène à de nombreuses visites chez les dames de la nuit.
La réalité du monde s’ouvre définitivement à lui après avoir vu une vieille prostituée s’étaler dans l’escalier :
La quintessence du monde était là : un corps qui faisait jouir une vingtaine de mâles par jour, et ça depuis trente ans peut-être, la pulpe grasse des mamelles que mes mains, hypocritement, essayaient de ne pas presser car les voisins, intrigués par le bruit, nous observaient, une masse organique qui, jour après jour, se laissait pétrir par des doigts hâtifs, recevait des éjaculations plus ou moins copieuses, plus ou moins saines, dans l’un des orifices au choix du client, touchait l’argent qui permettait à cette chair de se nourrir, de se soigner, de se maquiller pour pouvoir, le lendemain, recommencer à sucer des pénis, les planter dans son vagin, offrir ses grands seins, ces bouées blanches, aux naufragés du plaisir. Afin de pouvoir se nourrir, se vêtir, se maquiller… Et puis, un soir, un mauvais soir, s’étaler, telle une vache à deux pis, en plein escalier et être frappée, grâce à ce moment clownesque, par la conscience aiguë d’elle-même : je suis cette masse de chair vieillissante mais encore désirable qui tente de se remettre debout pour rejouer la comédie de la femme fatale. Une femelle fatale…[29]
« Le sens est ce qui sent, ou ressent, ce qu’on suit ou poursuit, enfin ce qu’on comprend ». En ce qui concerne le sens de la vie, Comte-Sponville remarque aussi que l’important n’est pas vraiment de comprendre le sens de la vie, mais son but et sa signification[30]. Godbarsky n’arrivera peut-être pas, comme chacun d’entre nous, à comprendre le sens profond de la vie, mais il aura dorénavant un but.
Le crétinisme d’été
Osmonde a souvent été comparé à Houellebecq. On a même prétendu voir en lui un pseudonyme de l’auteur des Particules élémentaires. Tous les deux, il est vrai, sabrent gaiement le mythe de la libération sexuelle. Toute comparaison s’arrête pourtant là. Si dans les pages sur Marseillan-plage[31], Houellebecq propage une apologie galopante de la partouze masturbatoire, chez Osmonde, Le Crétinisme d’été, visualisé sur les Sables-d’Olonne et écrit par son étudiante attentive, Sandra Cohen, offre une réflexion philosophique autrement édifiante des relations de couple dont les plaisirs sexuels sont invraisemblables et, probablement inexistants :
Sur quelques kilomètres de la plage observée se rassemblent des femmes et des hommes. Le plus souvent, des couples, accompagnés d’enfants. Les femmes, dans leur écrasante majorité, sont mal faites. Le modèle androgyne prévaut : absence de seins et de hanches, maigreur d’adolescentes, grande vulgarité de postures et de mimiques. Les rares femmes corpulentes sont affligées de cellulite, de seins pendants, de culotte de cheval hideuse. Les hommes ont généralement des jambes courtes, des ventres proéminents ; souvent encore jeunes, ils sont chauves. Eux, comme leurs épouses, fument en enfonçant les mégots dans le sable. L’idée de les imaginer unis dans un acte charnel provoque un spasme d’incrédulité voire de répulsion, tant leur laideur, leur indifférence réciproque et leur médiocrité psychique sont flagrantes.[32]
Cela n’est nullement pour surprendre. Dans leurs expériences sur la personnalité et les psychothérapies appliquées, John Dollard et Neal Elgar Miller ont maintes fois constaté sur les rats de laboratoire que l’excitation atteignait son maximum lorsque l’adiance égalait l’abiance, c’est-à-dire lorsque la menace d’une décharge électrique s’équilibrait en égale proportion à la récompense d’une friandise. Hélas, l’agitation frénétique débouchait le plus souvent sur une totale paralysie, incapables qu’ils devenaient de choisir entre attirance et répulsion, espoir et crainte. Les couples observés, avachis sur le sable possèdent les particularités des cobayes de Miller et Dollard en ceci qu’ils n’entreprennent plus de stratégie séductrices ne sachant plus choisir entre les possibilités offertes par leurs épouses leur réservant soit un refus catégorique, pénible et douloureux à leurs avances, soit un coït éphémère, mais néanmoins dont la fulgurance pourrait se rapprocher du bonheur.
Les cerfs-volants acquis servent aux hommes plus qu’aux enfants « hurleurs, revendicatifs et sales malgré l’abondance d’eau » dont le passe-temps favori est la torture des crabes. De faire voler les cerfs-volants en effrayant les vieux sur le sable :
[…] imprime au visage des hommes un rictus de violeur comblé. Parfois leur virilité, en tout cas telle qu’ils la conçoivent, trouvent des formes d’expression encore plus agressives. Nombreux sont ceux qui s’affublent, en pleine chaleur, d’une combinaison en caoutchouc noir, d’un casque de coureur automobile et, accrochés par des fils de nylon à un grand rectangle de polyéthylène, ils passent des heures à s’éloigner de la rive sur une planche et à revenir. […] D’ailleurs, le plaisir principal pour ces hommes consiste, visiblement, à se promener sur la plage, le haut de leur combinaison ouvert, l’air fatigué d’un guerrier victorieux. Il est vrai que leurs corps souvent d’une constitution ingrate, acquièrent grâce à cette gaine synthétique un certain relief apparent, leurs jambes torves semblent plus droites, les pectoraux gonflent, les fesses tombantes se solidifient. Quand ils se libèrent de leur carapace, il s’en dégage un remugle de sueur stagnante, d’eau salée croupie, de chair longuement comprimée. Ils se rassemblent, commentent leurs exploits, fument, lisent un journal sportif. Puis rangent leur lourd attirail dans le coffre de leur voiture et partent, certains accompagnés d’une jeune femme, d’ordinaire laide et maigre, qui photographiait leurs sauts et glissades. On imagine très bien la suite : ils vont prendre un “pot” sur la route, rentrer, regarder la télévision, se coucher, faire l’amour. Par quelques geignements sourds, l’homme laissera deviner l’engourdissement de ses muscles, sa compagne se croira possédée par un gladiateur.
Ces activités de plage reprendront le lendemain, immuables, mêlant les vrombissements assourdissant des scooters de mer, les aboiements des chiens (amenés en masse, ils se reniflent, menacent les promeneurs, parsèment le sable de déjections où, régulièrement se vautrent les enfants qui construisent des châteaux sans fantaisie), mêlant donc tous ces bruits envahissants à l’envahissante dysharmonie des corps, à la platitude des visages, à la conviction profonde de ces femmes et hommes de vivre le meilleur de leur année, le bonheur de leur vie. Sur la plage des nudistes, cette vision de l’absurde pur est amplifiée tantôt par la teinte violacée, le ratatinement flasque d’un pénis, tantôt par la teinte violacée, anatomique d’une vulve flétrie.[33]
Les journées passées à la plage respirent l’ennui et la médiocrité. Il en va de même pour les soirées, sans parler de la route du retour pleine d’inattendus mortels : « Plus tard, ils se couchent, nombre d’entre eux s’accouplent, mélangeant leurs souffles chargés d’aigreur de muscadet et de jus de coquillages. A la fin des vacances, ils reprennent la route, parfois entrent en collision avec d’autres vacanciers et périssent ou restent tétraplégiques[34] ». Dans cette société où toute satisfaction est rendue possible, l’homme devient totalement incapable d’aimer car l’amour même est sans valeur. Il s’agit alors d’une non-action, d’un non-amour. La vie sexuelle se déroule sans saveur, pratiquement inexistante. Pour laisser parler Freud : « A des époques où la satisfaction amoureuse ne rencontrait pas de difficultés, comme ce fut peut être le cas pendant le déclin de la civilisation antique, l’amour devint sans valeur, la vie vide et il fallu de fortes formations réactionnelles pour restaurer les indispensables valeurs d’affect[35] ». Le seul remède pour cet homme crétinisé sera la compulsion des revues pornographiques et se prendre, par exemple, pour « un Jamaïcain qui enfourche une blonde aux très gros seins, ou […] ce marin bronzé dont le sexe disparaît dans la bouche charnue d’une Africaine…[36] ».
Selon Godbarsky, ce monde des « non-aimants » est sous l’emprise de la femme-adolescente qui « permet d’oublier la mort ». Cette androgyne mante-religieuse forme l’antithèse de « la femme aux gros seins », affectionnée par Godbarsky pour qui « [l]es femmes charnelles rappellent un climat aux saisons tranchées : un flamboyant printemps, un torride été, un automne dont les couleurs violentes luttent contre l’approche d’un hiver funèbre » alors que « [l]es femmes-adolescentes ont pour saisons ce printemps incolore qui fond imperceptiblement dans un été sans soleil, puis dans un automne déteint qu’on ne distingue même pas d’un hiver tiède et tout gris…[37] ». Le lecteur l’aura compris, Godbarsky est un adepte des femmes majestueuses aux formes volumineuses, considérables aux fessiers spacieux et aux seins copieux.
Godbarsky évoluera en photographe pour revues pornographiques « un monde souterrain […] caverne où survivent encore les femmes charnelles », profession lui fournissant la possibilité de côtoyer et vivre ses obsessions de manière productive, satisfaisante et rémunératrice. Obsessions dont il est, par ailleurs, tout à fait conscient :
[…] à la clinique psychiatrique de Gravelles, mon psychiatre noterait chez moi, justement, ces retours obsessionnels sur un nombre de détails extrêmement réduit : deux ou trois femmes, la grosseur de leurs seins, la lumière de l’été finissant, la séance de reprisage, l’illusion de la disparition du temps astronomique et donc de la mort. Il évoquerait “la réduction semi-volontaire du champ sensoriel”, “les fixations fétichisantes”, “un état de délire messianique”… A moins que je n’aie lu ces formules dans un manuel de psychiatrie. J’en ai parcouru plusieurs durant la brève période où j’avais la bêtise de vouloir prouver à Rosa que je n’étais pas fou.[38]
Ses modèles seront, cela va de soi, des femmes aux formes plus que généreuses : « Sur un grand lit aux draps damassés deux Noirs musclés étaient en train de posséder une blonde à la poitrine généreuse, au fessier d’une rotondité ample et savoureuse. L’un des hommes, dont, agenouillée, elle avalait le sperme, avait une mine désagréablement condescendante[39] ». L’homme jette sur la femme ce regard que la société réserve aux corps tonitruants dans leur excès de chairs. Ainsi cette ekphrasis métaphorise-t-elle le comportement sociétal dans son refus des corps trop épanouis rappelant la temporalité et, par là, la mort présente en chacun de nous, mais uniquement visibles en certains ce qui les rend particulièrement effrayant. Seul un regard hautain, tentant de les anéantir peut offrir une protection contre ce qu’ils représentent. Regard que Godbarsky tentera de transformer.
La contemplation d’une revue sera le déclic par lequel il accédera à une griffe personnelle :
[…] un homme musclé malaxait les gros seins d’une femme blonde, tandis que l’autre plongeait son sexe dans une bouche grassement maquillée. La disposition des corps manquait de grâce, la mise en scène devait être trop hâtive. Mais je découvris le détail qui m’avait frappé déjà la première fois. Le reflet de cette fenêtre, dans un grand miroir, ces rideaux qui laissaient voir ce que le photographe n’avait certainement pas remarqué : des arbres nus aux branches alourdies de neige, un réverbère dans le crépuscule, l’instant suspendu d’une vie[40]
Le détail, le punctum qui accroche et fait vivre la photo, le reflet, l’essentiel échappant au premier regard, à la routine devient une recherche de l’indispensable. Pour Godbarsky, faire entrer dans ses photos un carré de ciel deviendra une fin en soi, sa signature, une manière de donner sens à son travail, réhabiliter l’agressivité de ses instantanés où les femmes sont soumises au plaisir sans fantaisie des hommes. C’est aussi l’affirmation de sa « volonté de puissance » au sens nietzschéen. Comme le dit Lorenz : « Tous moyens sont bons à l’humanité pour défendre son estime de soi[41] ». Kuntz, son proche collaborateur, a toutefois découvert les clichés anachroniques même s’il n’a pas compris le sens de leur insertion :
J’ai deviné depuis longtemps ton jeu, Bôlos. Ces photos que tu glissais dans nos feuilletons de cul. Ces chutes de neige, ces femmes rêveuses intercalées au milieu des baises en gros plan. Oui, j’ai remarqué ce jeu mais je ne l’ai pas encore compris. Je pense que toi-même tu ne sais pas encore où ça peut te mener. Mais, tu vois, retrouver ces photos de temps en temps, les reconnaître, oui, reconnaître cette journée d’hiver à Hambourg, cette Wanda qui enlève ses talon aiguilles et regarde la neige tomber, ça m’a toujours fait du bien. Comme si ce cirque du sexe avait pour but cette seule vue cachée.[42]
Ces photos avec la vue dissimulée d’un coin de vie autre sont la métaphore du miroir reflétant l’autre vie car le monde est différent de ce que nous le voyons : « L’essentiel se passait non pas dans la routine vécue par tous, mais dans la fulgurance des instants visibles pour quelques-uns. Ou, plus exactement, ces instants formaient un monde à part entière, un univers fuyant, instable, souvent effacé par notre incapacité à le voir ou par notre peur d’y vivre[43] ». Reflet transposé dans ses créations et rencontré au quotidien : « Par un jour lumineux de printemps, je repassai à l’entrée du tunnel où s’engouffrait le périphérique qui longeait le bois de Vincennes. La jeune métisse droguée n’y était plus. Seul, calé contre un barreau de la grille, son petit miroir reflétait l’aveuglante limpidité du ciel[44] ». Pour Godbarsky, la photographie est une quête, celle d’un langage nouveau : « Il me fallait trouver une tout autre langue. Je pensai que cette quête guiderait désormais chaque jour de ma vie[45] ».
L’ekphrasis chez Osmonde
La description de photographies dans le roman n’est jamais fortuite[46]. Pour les Anciens, la fonction première d’un discours était de montrer « l’enargia » généralement traduite par « visibilité ou évidence ». Même si le terme s’inaugurait principalement dans le domaine de la rhétorique, la caractéristique metadiscursive de l’ekphrasis reste particulièrement notable dans la définition qu’en donnent les rhétoriciens contemporains. William J. Thomas Mitchell ou Gérard Genette[47] considèrent l’ekphrasis comme la description d’une œuvre d’art imaginaire ou réelle comprise dans un texte. L’ekphrasis est donc la représentation verbale d’une représentation visuelle dans le cas de photographies[48], la description étant la forme la plus courante d’ekphrasis[49]. D’autre part, à la suite de Mieke Bal, nous estimons la description être un point de focalisation dans les textes[50]. La description est le foyer vers lequel converge la signification du texte, un point de concentration.
Chez Osmonde les ekphraseis photographiques ont une fonction ontologique. Elles sont une symbolisation du sens même de l’œuvre et n’ont pas un statut purement narratif. Dans les scenarii, ce seront toujours des femmes aux formes amples et généreuses, les femmes défendues par Godbarsky. Celles, dit-il, dont on aurait honte d’être vu en leur compagnie. Pourtant, ce sont les seules capables d’offrir à l’homme le refuge de la chair, le refuge de la beauté, la réflexion sur la mort, l’amour, sans laquelle il ne peut y avoir de vie.
Malheureusement, la psychanalyse a d’ailleurs moins que rien à dire sur la beauté. Un seul point semble assuré : c’est que la beauté dérive du domaine de la sensibilité sexuelle ; ce serait un modèle exemplaire d’une motion inhibée quant au but. La “beauté” et l’“attrait” sont originellement des propriétés de l’objet sexuel. Il est remarquable que les organes génitaux eux-mêmes, dont la vue a toujours un effet excitant, ne sont pourtant presque jamais jugés beaux, en revanche un caractère de beauté semble s’attacher à certains signes distinctifs sexués secondaires.[51]
Mais s’agit-il de la recherche de la beauté pour cet homme dont la lucidité effraie ses contemporains au point de le faire interner ou bien s’agit-il de la recherche du bonheur pour celui qui « veut aimer et qui doit vivre parmi ceux qui n’aiment pas[52] » ?
Le bonheur, selon Freud, « au sens le plus strict, découle de la satisfaction plutôt subite de besoins fortement mis en stase et, d’après sa nature n’est possible que comme phénomène épisodique[53] ». Le plaisir sexuel serait le prototype de l’aspiration au bonheur « qui nous a fait éprouver avec le plus d’intensité un plaisir subjuguant ». La grande tragédie de l’homme est la nature éphémère du bonheur. On ne peut le prolonger. L’orgasme est une sensation forte et infime. La tentative de prolongation de cette sensation ne fait aboutir qu’à un résultat désillusionnant vu que « […] toute persistance d’une situation désirée par le principe de plaisir ne donne qu’un sentiment d’aise assez tiède[54] ».
Godbarsky a trouvé mieux. Il évite l’orgasme, se contente de le provoquer par ses photographies et scenarii dans les revues étalées jusque dans les salles d’attente des services d’urologie puisque « Les médecins savaient que les patients ne pouvaient pas bander en contemplant les femmes qu’on croisait aux cocktails des maisons d’édition ou aux expositions d’art non figuratif…[55] », ces femmes-adolescentes aux corps informes. Mais Godbarsky se fait aussi le pourfendeur du crétinisme planétaire. En cela, Osmonde dote ses héros d’une compassion illimitée envers l’humain. Godbarsky ressent un amour absolu pour cette humanité qu’il tente de sauver en l’amenant vers la lumière et la compréhension du combat à poursuivre. Combat loin d’être gagné car :
On peut s’opposer à un tyran et périr. Le crétin est mou, il vous englue dans la médiocrité de ses rêves, vous impose la laideur de ses goûts et vous ne pouvez pas l’attaquer, car le crétin a sacralisé son mode de vie en l’appelant démocratie, droits de l’homme, antiracisme, tolérance, l’avant-garde artistique… Quiconque s’en prend au crétin devient automatiquement un ennemi du peuple, mieux, l’ennemi du genre humain ![56]
[1] Gabriel Osmonde, Le Voyage d’une femme qui n’avait plus peur de mourir, Paris, Albin Michel, 2001.
[2] Ibidem, p. 73.
[3] Ibidem, pp. 241-242.
[4] Gabriel Osmonde, Les 20.000 Femmes de la vie d’un homme (2004), Paris, Livre de poche, 2007.
[5] Ibidem, p. 56.
[6] Ibidem, p. 51.
[7] Gabriel Osmonde, L’Œuvre de l’amour, Paris, Pygmalion, 2006.
[8] Ibidem, p. 114.
[9] Gabriel Osmonde, Les 20.000 Femmes de la vie d’un homme, (2004), Paris, Livre de poche, 2007, p. 239.
[10] Gabriel Osmonde, Le Voyage d’une femme qui n’avait plus peur de mourir (2001), Paris, Livre de poche, 2004, p. 185.
[11] Ibidem, pp. 28-29.
[12] Ibidem, p. 84.
[13] Gabriel Osmonde, L’Œuvre de l’amour, Paris, Pygmalion, 2006, p. 19.
[14] Sigmund Freud. La Vie sexuelle. puf, Paris, 1969, p. 35.
[15] Gabriel Osmonde, L’Œuvre de l’amour, Paris, Pygmalion, 2006, p. 9.
[16] Gabriel Osmonde, L’Œuvre de l’amour, Paris, Pygmalion, 2006, p. 293.
[17] Ibidem, p. 64.
[18] Ibidem.
[19] Ibidem, p. 69.
[20] Ibidem, p. 83.
[21] Ibidem, p. 93.
[22] Ibidem, p. 94.
[23] Ibidem, p. 90.
[24] Ibidem, 2006, p. 97.
[25] Sigmund Freud, « Pour introduire le narcissisme », dans Céline Masson, Laurent Joseph e.a. eds., Résumé des œuvres de Freud, tome III, (1914-1920), Hermann, 2008.
[26] Cf. René Girard, La Violence et le sacré, Paris, Grasset, 1993, p. 246.
[27] Gabriel Osmonde, L’Œuvre de l’amour, Paris, Pygmalion, 2006, p. 103.
[28] Ibidem, p. 174.
[29] Ibidem, pp. 56-57.
[30] André Comte-Sponville, Luc Ferry, La sagesse des modernes : Dix questions sur le sens de la vie, Paris, Laffont, 1996, pp. 283-284.
[31] Michel Houellebecq, Les Particules élémentaires, Paris, Flammarion, 1998, pp. 272-276.
[32] Gabriel Osmonde, L’Œuvre de l’amour, Paris, Pygmalion, 2006, p. 120.
[33] Ibidem, pp. 120-121.
[34] Ibidem, p. 122.
[35] Sigmund Freud. La Vie sexuelle. puf, Paris, 1969, p. 7.
[36] Gabriel Osmonde, L’Œuvre de l’amour, Paris, Pygmalion, 2006, p. 205.
[37] Ibidem.
[38] Ibidem, p. 70.
[39] Ibidem, p. 219.
[40] Ibidem, pp. 180-181.
[41] Konrad Lorenz, L’Agression, Paris, Flammarion, 1969, p. 217.
[42] Gabriel Osmonde, L’Œuvre de l’amour, Paris, Pygmalion, 2006, p. 207.
[43] Ibidem, p. 51.
[44] Ibidem, p. 170.
[45] Ibidem, p. 51.
[46] À ce sujet cf. Philippe Ortel, La littérature à l’ère de la photographie. Enquête sur une révolution invisible, Nîmes, Éditions Jacqueline Chambon, 2002.
[47] Gérard Genette, Figures II, Paris, Seuil, 1969, p. 59, William J. Thomas Mitchell, Picture theory, op. cit., pp. 176-181.
[48] Meschonnic reproche à « “image” de glisser surtout vers le visuel alors qu’il est capital de noter que l’analogue ne comporte aucune présence nécessaire du visuel, ne se situe pas ou pas seulement dans le visuel ». Henri Meschonnic, Pour la poétique, Paris, Gallimard, 1970, p. 102.
[49] Mitchell note que la description est la forme la plus courante d’ekphrasis et réfère à Genette pour signifier l’absence de différentiation sémiologique entre la description et la narration, plus précisément que chaque narration et chaque description sont uniquement différentiées par le contenu et non le contenant et qu’il n’y a « rien grammaticalement parlant qui distingue la description d’un tableau de la description d’un kumquat ou d’un jeu de baseball » (cf. William J. Thomas Mitchell, Picture theory, op. cit., p. 159). La légère différence que voit Genette entre description et narration est l’accent temporel et dramatique mis par la narration sur le récit, alors que la description apporte plutôt, selon lui, une contribution à l’étalement spatial du récit. Ceci en raison de l’attachement de la narration aux actions et événements considérés comme de purs procès et du fait que la description envisage des procès eux-mêmes comme des spectacles (cf. Gérard Genette, Figures II, Paris, Seuil, 1969, p. 59.
[50] Mieke Bal, Narratology, Introduction to the Theory of Narrative, University of Toronto Press, 2ème edition, 1992.
[51] Cf. Sigmund Freud, Le Malaise dans la culture (1929), Paris, PUF, 2004, p. 26.
[52] Gabriel Osmonde, L’Œuvre de l’amour, op. cit., p. 50.
[53] Sigmund Freud, Le Malaise dans la culture op. cit., p. 18.
[54] Ibidem, pp. 18-19.
[55] Gabriel Osmonde, L’Œuvre de l’amour, Paris, Pygmalion, 2006, p. 220.
[56] Ibidem, p. 117.