« Andreï Makine et Gabriel Osmonde : passerelles », dans Le Monde selon Andreï Makine. Textes du collectif de chercheurs autour de l’œuvre d’Andreï Makine, Murielle Lucie Clément et Marco Caratozzolo eds., Sarrebruck, Editions Universitaires Européennes, 2011
Après avoir écrit une dizaine de romans et plusieurs travaux théoriques, Andreï Makine publie en 2007 Le Monde selon Gabriel[1], une pièce de théâtre sous-titrée Mystère de Noël. Gabriel, le héros de la pièce, écrivain rebelle, serait-il le portrait fictionnalisé de Gabriel Osmonde[2] écrivain authentique et secret dont l’univers contestataire offre des points de ressemblance indéniables à celui commenté par les personnages théâtraux makiniens.
Théâtre dans le théâtre
Le Monde selon Gabriel se situe entre les grandes traditions littéraires du mystère médiéval français et celle des plus éminentes pièces du théâtre russe. L’attirance et la captation du lecteur sont suscitées par la distance que l’auteur a su maintenir avec son monde intérieur connoté par plusieurs symboles récurrents de son imaginaire. Par exemple, l’antilope (empaillée cette fois) accompagne les acteurs du drame, un chef-d’œuvre d’équilibre miraculeusement établi grâce à une écriture qui régit les codes et règles tacites d’une collectivité ressemblant fortement à ce que pourrait devenir (ou est peut-être déjà) la nôtre.
Un monde d’où la parole est bannie, où l’on ne communique plus que par portable, où le poète est enchaîné, bâillonné, et neuf milliards d’humains cloués devant les scènes télévisuelles que leur miment quatre comédiens, commentées par un Grand Imagier invisible : Le Choc des civilisations, Le Palmarès des victimes, La Révolution culturelle. Une globalisation manipulant les consciences, transformant les hommes en zombies accueillant la dictature douce du flux ininterrompu des informations formatées.
L’une des sources de jouissance inaliénable à la lecture de Makine est son style inégalable dans lequel il alterne de façon magique et impeccable par des changements de voiles lumineux, le caractère ironique de l’onirisme à la réalité virtuelle, ce qui résulte en un plaisir accru au fil des pages. Comment oublier la lactescence diaprée innervant la tragédie du Crime d’Olga Arbélina tels des arcs-en-ciel translucides ou les métamorphoses hiémales se déroulant en traînées neigeuses languissant dans Au temps du fleuve Amour ?
Le Monde selon Gabriel divulgue une autre teinte de la palette d’Andreï Makine, celle des ors baroques et orthodoxes mêlés dont les lueurs chatoyantes de douceur transparaissent sous la dure description d’un monde vers lequel nous glissons inconscients du danger à l’affût lorsque la langue de bois remplace celle des poètes. Simulacres imposés, domination des icônes médiatiques doivent être rejetés avec force et l’humanité doit apprendre à aimer pour éviter son retour au néant inexorablement en marche qui menace de l’engloutir si elle persiste dans sa préférence de la caverne douillette des apparences à la recherche d’une lucidité transcendant le but matérialiste de son existence.
Le Monde selon Gabriel d’Andreï Makine, nanti d’un souffle prééminent saura-t-il provoquer les tourbillons nécessaires à la tempête d’où émergera enfin de son endormissement notre société où elle semble se complaire telle une belle au bois dormant, ensorcelée peut-être, mais hélas plus souvent consentante et complice. Selon Gabriel, l’espoir en est permis et la vie attend celui qui ose franchir le mur assourdissant de l’asphyxie médiatique qui le garrotte et détourne la foi en soi. Quant à Gabriel Osmonde, il montre le chemin possible dans Alternaissance.
Qui est Gabriel ?
Gabriel est un écrivain mis au ban de la société pour avoir écrit un livre révolutionnaire ayant sorti de leur train-train quotidien confortable les habitants de la planète. Un livre, « un simple petit bouquin a pu faire capoter » (p. 60) la vie des acteurs. Dans ce livre, Gabriel « parlait d’un adolescent qui découvre la brièveté de la vie humaine » (ibidem). Une idée pas vraiment originale en soi, comme tous s’accordent à le reconnaître. Mais, selon Haut-de-Forme, l’un des personnages, il s’agit d’une idée diabolique :
Un jour, ce garçon met la main sur les revues pornographiques que cachait son père, un obscur prof de lettres, dans une petite ville de province. Et alors, l’adolescent, secoué par la beauté de tous ces corps nus qui s’offrent soudain à lui, décide de calculer le nombre de maîtresses qu’il va aimer en devenant grand. Des millions, pense-t-il, car sa vie lui paraît infinie. Pendant son cours de maths, il sort sa calculette, savoure ces futurs orgasmes en se disant que chaque jour il aura une nouvelle femme dans ses bras. Et il veut donc savoir combien de jours il va vivre. Il multiplie les trois cent soixante-cinq jours de l’année par soixante et patatras ! Il obtient un chiffre invraisemblable. Notre vie, c’est vingt mille jours en tout et pour tout ! Vingt mille jours pour vivre et aimer… (pp. 60-61)
Pour cerner Gabriel, il peut être intéressant de se reporter à l’ouvrage d’Osmonde Les 20.000 Femmes de la vie d’un homme qui décrit la découverte des revues pornographiques de son père par un adolescent, Alex Taraneau. Les semaines succédant sa découverte, Alex vit dans un monde d’extase, les photos érotiques des revues, supputant le nombre incalculable de femmes qui l’attendent dans sa vie d’adulte jusqu’au jour où il décide de préciser ce nombre. Il imagine un résultat approchant le million, le milliard peut-être. Quelle n’est pas sa stupéfaction d’arriver au chiffre dérisoire de vingt mille. « Déçu par les capacités réduites de sa calculette, il se mit alors à compter sur une feuille de papier, dans ce même cahier où les “x” et “y” s’accouplaient dans leurs unions stériles » (p 56). Dans ces deux fragments, celui de Makine et celui d’Osmonde se dessinent des liens intertextuels indéniables entre les deux œuvres. D’autres passerelles, non moins percutantes, peuvent se lire de l’une à l’autre. En voici quelques-unes.
Passerelles
Une lecture attentive des œuvres d’Osmonde et de Makine autorise de souligner des passages, des fragments, des réflexions transitant d’un roman à l’autre. La vie quotidienne à laquelle sont confrontés les hommes et les femmes dans Les 20.000 Femmes de la vie d’un homme comporte des effluves de réminiscences à celle que les acteurs du Monde selon Gabriel ont finalement fuie. Dans le premier, est décrite « […] l’absurde routine des habitants de la ville. Ceux-ci se levaient tôt, buvaient du mauvais café, sortaient sous la pluie, rejoignaient leur lieu de travail plus ou moins détesté, rentraient pour retrouver un époux ou une épouse à qui on n’avait plus envie de parler, un corps avec son dépôt de grisaille charnelle » (p. 51). Les personnages du second expliquent cette vie dont ils se sont extirpés après la lecture du livre de Gabriel. Maud déclare : « Moi, Gabriel, ça m’a véritablement sauté à la figure… […] grâce à son livre j’ai vu vraiment, pour la première fois, le visage du mec avec lequel je vivais […]. Tout était tellement bien rodé entre nous, enfin, le boulot, le sexe et le reste, qu’on ne se regardait même plus. D’ailleurs, tous les couples vivaient un peu comme ça […]. Donc, voilà, je finis le livre, complètement hébétée devant ces vingt mille jours de la vie humaine […] (pp. 64-65) ». Rep raconte sa stupéfaction lorsqu’il devient conscient de sa misérable vie auprès d’une épouse peu rayonnante et se morigène « […] il te reste quelques centaines ou tout au plus quelques milliers de jours à vivre et ce sera toujours cette télé, cette femme maigre et laide, ta femme, assez semblable probablement à une momie dégagée de ses bandelettes, une femme qui vient de commencer à ronfloter, comme souvent, le menton sur sa poitrine plate » (pp. 65-66). Ricardo Dutout avoue le même sentiment de triste vacuité : « […] quand j’ai pris conscience que j’étais en fait condamné à faire l’amour à des jeunes femmes que je n’aimais pas et qu’il me restait peut-être quelques centaines de jours pour vivre et aimer, alors j’ai cru perdre la raison » (p. 67). Ricardo, ancien éditeur reconvertit dans les circuits médiatiques télévisuels de masse, en ce qui concerne sa personnalité pourrait très bien être Richard Dupont, un personnage d’Osmonde décrit par Godbarsky, le héros de L’Œuvre de l’amour : « Richard Dupont a réalisé le rêve de Hircin : toutes ces jeunes romancières qu’il publie et qu’il séduit mais avoue ne plus y trouver aucun goût » (p. 175).
Pour Laura Baroncelli du Voyage d’une femme qui n’avait plus peur de vieillir, la vie est aussi devenue fade et sans devenir : « Un soir, en surprenant Serge endormi devant l’écran piqueté de figurines de footballeurs, en voyant surtout sa bouche entrouverte comme dans une envie de mordre, elle trouva l’une de ces formules et put rester calme : “ La vie conjugale, pensa-t-elle, est une lente accumulation des traits qu’on jugerait parfaitement insupportables avant le mariage et auxquels on se résigne de plus en plus facilement avec les années » (p. 73). De toute évidence, selon Makine et Osmonde, la vie conjugale se rapprocherait plus d’un enfer fade que d’un paradis exaltant. L’écrivain prisonnier, Gabriel, dans Le Monde selon Gabriel serait-il donc une fictionnalisation de Gabriel Osmonde ?
De Osmonde à Osmonde
Gabriel Osmonde, auteur contemporain, a su créer un univers où des personnages ou des situations réapparaissent d’un roman à l’autre, véritable « comédie humaine », phénomène renforcé dans Alternaissance où entrent en scène Godb, Taraneau, héros des romans précédents. Authentique architecture scripturale où la vision soutenue par le style engendre les cintres d’une nef où se célèbre le dépassement de l’amour. Les passerelles étroites, telles des fulgurances transportent le lecteur d’un roman à l’autre. Parfois, un brasillement si intense qu’il en obscurcit la pensée, le tient en arrêt devant une seule phrase, un seul mot peut-être révélant l’accès à un autre monde, celui d’un autre roman. Superstructures délicates, mais consistantes et présentes en ce trio d’univers. Par exemple, une boutique d’appareils sanitaires, lieu principal du premier roman, Le Voyage d’une femme qui n’avait plus peur de vieillir, ressurgit en détail dans le second, Les 20.000 Femmes de la vie d’un homme :
C’est un magasin de salles de bains, il se souvient qu’un jour avec sa femme ils ont acheté des choses qu’ils croyaient vitales pour leur bien-être : des robinets, des mitigeurs… A présent la maison a l’air abandonnée, les fenêtres du premier sont noires, les volets métalliques du rez-de-chaussée bien fermés. Non, pas tous. Il discerne soudain une étroite faille éclairée entre leurs pans de métal, s’approche, colle son visage à la feuille d’acier. Il ne voit d’abord qu’un rai de lumière faible, le marbre clair d’une cheminée, le dallage du sol. Et ce bras, cette main qui tient, inclinée vers le bas, une lampe de table. Ensuite, cette femme qui observe avec attention les dalles à ses pieds. Lentement, elle dirige la lampe d’un côté puis d’un autre, comme si une trouvaille fabuleuse, ou une simple aiguille, allait briller dans la jointure de ces carrés usés.[3]
Cette vision est celle de Taraneau au cours d’une promenade nocturne et le magasin celui de Laura chez laquelle un couple – Alex Taraneau et sa femme ? – est venu s’approvisionner parfaire l’installation de leur salle d’eau :
Les clients lui montrent le robinet sur lequel est tombé leur choix : un mitigeur monocommande pour lavabo, bec extractible. Elle les accompagne jusqu’au pas de la porte, les voit s’éloigner. “Des gens qui vont, se dit-elle, ouvrir et refermer ce robinet plusieurs fois par jour, pendant de longues années… Jusqu’à leur mort peut-être !” L’idée lui paraît si monstrueuse qu’elle fait quelques pas en avant comme si elle pouvait encore rattraper le couple qui traverse déjà la rue du Faubourg-Poissonnière. Comme s’il était possible de les appeler : “Attendez, vous allez vous laisser piéger par ce robinet inusable que vous serez obligés de tourner toute votre vie ! Le test d’endurance l’a démontré, il résiste à plus de deux cent mille manœuvres. Jetez-le et partez ! Où vous voudrez, mais partez !” Ses clients hésitent un instant au carrefour (ils sont nouveaux dans le quartier) puis prennent la rue Hauteville.[4]
L’éclat des robinets mitigeurs le dispute en nitescence à la fente des volets, passerelle de l’extérieur où se situe Taraneau à l’intérieur où se trouve la femme menant au cœur des deux romans fugacement réunis par ce rai de lumière, impératif, catégorique, excluant la part d’ombre enrobant la rue. C’est-à-dire toute contingence spatio-temporelle en dehors de ce faisceau qui se fait trajectoire. Expérience individuelle de Taraneau rencontrant l’altérité de Laura, la passerelle lumineuse devient le contexte unificateur. Pénétration métaphorique, viol de l’intimité de l’autre par celui dont le regard, de la périphérie se dirige vers le centre. Le regard de l’un et de l’autre, bien que divergents en leur quête respective, s’accouple en leur effet investigateur.
Héroïne du premier roman, sur le point de se suicider, alors que la lame du rasoir entame déjà la peau tendre du poignet, Laura Baroncelli vivant seule dans son appartement, aperçoit sur le dallage l’empreinte fraîche d’un pied nu. Cette apparition incongrue, la fait sortir de l’eau tiède où elle comptait se donner la mort. Armée d’une torche électrique, elle inspecte le carrelage minutieusement :
Les dalles étaient nettes, sans la moindre trace, juste ce vieux gant maculé de plâtre qui traînait près du fauteuil. “Donc le rasoir… pensa-t-elle, une coupure à chaque poignet, l’eau chaude empêchera le sang de coaguler.” Elle baissa la lampe, d’une main lasse. Et c’est dans cet angle de lumière rasante que soudain, tout près de la cheminée, elle vit l’empreinte – un long pied nu, aux courbes oblongues et élégantes. Madame Baroncelli se redressa et, sentant en elle l’étonnant regain d’énergie que provoque un danger vaguement surnaturel, elle prononça à mi-voix : “Et bien, il faudra que je tire tout ça au clair.” (pp. 28-29)
Plongé dans le second roman, le lecteur comprend qu’Alex Taraneau, héros du second roman, dans le passage évoqué plus haut, aperçoit l’héroïne du premier roman prospectant le carrelage.
De même, à la lecture du troisième roman, L’Œuvre de l’amour (2006), Sandra Cohen par ses écrits rappelle Laura écrivant sur la métaphysique des corps : « “L’enfer c’est les autres” serait une simple pirouette rhétorique, un racolage intellectuel bon à épater quelques bourgeois hypocondriaques si on ne le complétait pas avec “le paradis c’est les autres”, formulé non pas dans une opposition sophiste mais dans la synchronie du vécu. L’enfer et le paradis, ici et maintenant, au même moment, parfaitement interchangeables dans chaque acte. Oui, chaque geste, regard, jugement de l’autre est à la fois enfer et paradis. Consubstantiels et pourtant inconfusibles ! »[5]. Mais, Sandra Cohen ira plus loin, beaucoup plus loin, jusqu’à la mort, dans le vécu d’une philosophie inspirée par son maître Godbarsky.
Histoires de pommes et de reprisages
Stanislas Godbarsky est un bossu, descendant d’une lignée de nobles qu’il ne perpétuera pas. Ses camarades de classe le harcèlent et se moquent de lui. Après une raclée particulièrement sévère, il perce l’hypocrisie sociétale : « Ainsi, ce jour de printemps, je fis mon premier pas derrière la toile que les hommes maculent de leurs mensonges (le Bien, le Mal, l’Histoire, l’amour du prochain…). L’idée de pouvoir percer ce barbouillage m’exalta. J’observais mes condisciples, ces futurs adultes qui passeraient leur vie à repeindre le décor de leur bonheur familial, de leur gagne-pain, de leur routine… » (p. 19).
L’Œuvre de l’amour commence avec une histoire de pomme comme Le Testament français (1995)[6] mettant en scène dans ses premières pages une « petite pomme ». Deux mots dont la prononciation embellit les femmes photographiées de l’album familial :
[…] ces femmes savaient que pour être belles, il fallait, quelques secondes avant que le flash ne les aveugle, prononcer ces mystérieuses syllabes françaises dont peu connaissaient le sens : “pe-tite-pomme…” Comme par enchantement, la bouche, au lieu de s’étirer dans une béatitude enjouée ou de se crisper dans un rictus anxieux, formait ce gracieux arrondi. Le visage tout entier en demeurait transfiguré. Les sourcils s’arquaient légèrement, l’ovale des joues s’allongeait. On disait “petite pomme”, et l’ombre d’une douceur lointaine et rêveuse voilait le regard, affinait les traits, laissait planer sur le cliché la lumière tamisée des jours anciens. (p. 13)
Toutefois, la pomme dans L’Œuvre de l’amour est tout autre. La mère de Stanislas Godbarsky se plaît à distraire ses invités au cours de soupers :
La pomme est coupée et ma mère en offre la moitié à sa belle-fille, Barbara Radziwill, qui fixe le fruit d’un œil apeuré : “Puisque vous refusez de partager un repas avec moi, partageons au moins ça.” La jeune femme lève les yeux sur son mari. C’est de lui que vient l’interdit. Mais là… Si la pomme était empoisonnée, sa mère ne la croquerait pas, le sourire aux lèvres, comme elle le fait à présent. Il incline la tête pour encourager sa bien-aimée. Barbara mange et, quelques heures plus tard, le feu du poison se met à dévorer ses entrailles. Ma mère ne cache pas sa joie. Sa belle-fille meurt, défigurée, la peau noircie et sanguinolente… (p. 9)
Exception faite de cette pomme maléfique dans l’un, bénéfique dans l’autre, les deux romans possèdent un autre thème les rapprochant : l’outre-tombe. Ainsi après maintes tribulations où il déambule d’un hôpital psychiatrique au sous-sol d’amis, Godbarsky trouve refuge dans une cave : « C’est ainsi que je me retrouvais dans cette cave qui à maints égards rappelait un tombeau. L’air y sentait fortement la terre humide, le moisi. Ne plus bouger d’ici, me fondre peu à peu avec son odeur de crypte, me parut le mode de suicide le moins pompeux » (p. 142). Mais, alors qu’il voit sa nouvelle domiciliation comme une invite au suicide, le lecteur se souvient que pour Aliocha du Testament français, la crypte du Père-Lachaise lui offrait un asile perçu comme régénérateur :
Je me souviens seulement que cet après-midi-là, je me sentis enfin un peu mieux. A pas lents, plissant les paupières sous le soleil qui revenait, je rentrais… chez moi. Chez moi ! Oui, je le pensais, je me surpris à le penser, je me mis à rire en m’étranglant dans un accès de toux qui fit se retourner les passants. Cette niche funéraire, vieille de plus d’un siècle, dans la partie la moins visitée du cimetière, car il n’y avait pas de tombes célèbres à honorer – un chez moi. Avec stupeur, je me dis que je n’avais pas employé ce mot depuis mon enfance… (pp. 272-273).
Le regard posé sur les femmes est assez similaire chez les deux héros. Godbarsky souffre de « […] son anxiété de guetteur de femmes » (p. 174) comme Aliocha se reprochait de jouir, d’une certaine manière, des méfaits de Béria : « Et moi, je me haïssais ! Car je ne pouvais pas m’empêcher d’admirer ce guetteur de femmes » (pp. 193-194).
Chez Osmonde, la femme dans L’Œuvre de l’amour, reprise son soutien-gorge :
[…] en soulevant la femme, j’avais vu que l’une des bretelles de son soutien-gorge avait été recousue. Des points en croix, naïfs et touchants, car ils laissaient imaginer une soirée d’été, un répit entre deux clients et cet instant de couture devant une fenêtre donnant sur les toits de la rue Saint-Denis […] Pourtant, au fond de moi, la lumière du couchant éclairait toujours la fenêtre devant laquelle la femme reprisait son soutien-gorge, le reflet mauve des toits et ces tiges sèches qui ondulaient, comme dans un songe ancien, sur un balcon délaissé. Je voyais toujours avec mes yeux d’autrefois. (pp. 58-59)
et non un chemisier comme dans Le Testament français : « Tout en parlant, Charlotte continuait à repriser le col dentelé d’un chemisier. Elle maniant l’aiguille avec ce brin d’élégance artistique qu’on remarque toujours chez une femme qui travaille et entretient en même temps la conversation avec un invité qu’elle croit intéressé par son récit » (p. 151) ou une chaussette comme Maud dans Le Monde selon Gabriel (p. 57).
Femmes et effigies
Les femmes, leur univers, leur psyché et surtout leur corps – aimé, meurtri ou déprécié – sont omniprésentes chez les deux auteurs. Laura Baroncelli n’aime pas vraiment son corps et cela depuis longtemps. En arrêt devant le miroir lui renvoyant ses formes l’empêchant, selon elle, de prendre une part active à la révolte estudiantine, elle morigène un buste jugé trop généreux : « Et la fébrilité de ces dernières semaines rend ce corps tout simplement… comment dire ? Inutilisable. Aller dresser un drapeau quand on possède un buste pareil ? On dirait la liberté guidant le peuple ! » (p. 40). Cette liberté guidant le peuple signalée dans les didascalies et imitée par les acteurs du Monde selon Gabriel : « Sur l’avant-scène se dresse un grand cadre de tableau (quatre mètres sur deux mètres cinquante), aux moulures richement dorées. À l’intérieur de ce cadre, quatre personnages figés représentent la partie centrale de La liberté guidant le peuple de Delacroix » (p. 13).
L’antilope présente – mais empaillée – sur la scène de la pièce, traverse plusieurs fois l’écran télévisuel ou cognitif de Laura : « Le reportage filmé en Afrique se termina sur l’image de cette grande antilope blanche déchirée par quelques fauves[7] », « “Une lourde antilope blanche renversée par un fauve”, se rappela-t-elle, et elle rougit[8] ». Les membres inférieurs de Cindy, une femme au corps extrême, se confondent avec un énorme serpent dans L’Œuvre de l’amour « Des cuisses dont le galbe rappelait la souplesse musculeuse d’un boa géant, l’écartement des hanches en profond antre d’impudeur, un ventre puissamment sculpté […] » (p. 193), « Son corps redevint souple, dense et m’attira par sa gravitation charnelle, m’enferma comme dans les anneaux d’un boa entre ses cuisses, me noya dans la pulpe noire de sa poitrine » (p. 244). En cela, les images d’Osmonde rejoignent celle de Makine si l’on considère Olga Arbélina cogitant sur l’inceste à la vue d’une antilope broyée par un boa dans l’encyclopédie médicale :
La gravure, d’un réalisme pointilleux, produisait un effet inattendu comme tout excès de zèle. Car même si l’on voyait les moindres touffes de poil sur le pelage tacheté de l’antilope, son aspect rappelait un être vaguement humain : l’expression de ses yeux, la position du corps entouré des anneaux du gigantesque serpent. Quant au boa, son tronc musclé, couvert d’arabesques et prodigieusement gros, ressemblait à une épaisse cuisse de femme, une jambe ronde, indécemment pleine et tendue d’un bas orné de dessins… (pp. 93-94)
Après le viol qui lui ravit presque la vie, Charlotte, dans Le Testament français, échappe à la mort grâce au grand corps du même animal :
Quand elle put enfin se relever, elle vit un saïgak qui lentement grimpait sur une dune de sable. Charlotte le suivit, sans réfléchir, instinctivement – l’animal était l’unique balise au milieu des vallonnements infinis des sables. Comme dans un rêve (l’air lilas avait cette vacuité trompeuse des songes), elle parvint à s’approcher de la bête. Le saïgak ne s’enfuit pas. Charlotte, dans la lumière floue du crépuscule, vit des taches noires sur le sable – du sang. L’animal s’affala, puis, en remuant violemment la tête, s’arracha à la terre, tangua sur ses longues pattes qui tremblaient, fit quelques sauts désordonnés. Tomba de nouveau. Il avait été blessé à mort. Par les hommes qui avaient failli la tuer, elle ? Peut-être. C’était le printemps. La nuit fut glaciale. Charlotte se recroquevilla, en collant son corps contre le dos de la bête. Le saïgak ne bougeait plus. Sa peau était parcourue de frissons. Sa respiration sifflante ressemblait à des soupirs humains, à des mots chuchotés. Charlotte, dans l’engourdissement du froid et de la douleur, s’éveillait souvent en percevant ce murmure qui obstinément s’efforçait de dire quelque chose. A l’un de ces réveils, en pleine nuit, elle aperçut avec stupeur une étincelle toute proche, qui brillait dans le sable. Une étoile tombée du ciel… Charlotte s’inclina vers ce point lumineux. C’était le grand œil ouvert du saïgak – et une constellation superbe et fragile qui se reflétait dans ce globe rempli de larmes… (pp. 241-242)
L’emprisonnement
Chez Makine, tout comme chez Osmonde, la suffocation cérébrale échoue à plusieurs personnages. Ainsi, Laura, candidate au suicide est-elle prisonnière de visions suffocantes, en synchronicité avec son état d’esprit :
Elle souffre moins car elle vient de découvrir l’objet qui condense son malaise : sur la table à journaux, cette boule de verre avec à l’intérieur, un scorpion emprisonné dans la transparence de ce faux ambre, un souvenir du Sahara sans doute. Elle devine l’impossibilité de respirer pour un être vivant coulé dans ce liquide rapidement figé. Elle se sent elle-même plongée dans cette atmosphère molle, vitreuse, et qui se solidifie de plus en plus. Les narines, la bouche, les poumons emplis de cette gélatine… (p. 171)
Ce scorpion emmuré dans la transparence du verre n’est pas sans rappeler les poissons dont la glace rétrécit l’espace vital dans Le Crime d’Olga Arbélina.
Alors qu’Olga prend conscience de la nature de ses rapports nocturnes avec son fils, l’hiver recouvre de glace l’étang que forme un bras de la rivière :
La surface du petit étang était recouverte de glace, seule une percée, moins large qu’un pas, faisait apparaître l’eau libre, noire. Et ce vernis sombre était rayé de mouvements incessants, de brèves secousses frénétiques, puis d’une lente rotation ensommeillée. Parfois, dans le reflet liquide de la lune, les écailles brillaient, on voyait se dessiner des nageoires, les plaques argentées des ouïes… (p. 191)
Emprisonnés dans la glace qui risque, sous l’effet du gel persistant, de se refermer complètement sur eux et de les faire ainsi périr, les poissons métaphorisent les vies d’Olga et de son fils que l’inceste – mais surtout le crime qu’il signifie au regard sociétal – englue dans une relation oppressante et mortifère. La situation des poissons métaphorise cette relation de la mère et du fils ; la glace, l’étau, enserre le cœur et l’esprit de l’héroïne, se resserre jusqu’à la briser. Elle repère dans son entourage des signes symboles de sa situation. Olga et son fils libèrent les poissons et brisent la glace comme Laura broie la résine autour du scorpion :
Le soir, elle enveloppe la boule dans un bout de gros coton, l’installe sur un pavé, dans la petite courette de l’annexe, et se met à frapper dessus avec un marteau. Le crissement du verre, les paillettes des éclats de plus en plus menus qui percent le coton… Elle ramasse toutes ces brisures dans un vieux journal, les jette, puis revient, reste un moment sans bouger au milieu de la courette, regarde le carré du ciel éteint entre les murs. Le vent est frais, une fine pluie se met à tomber. L’automne. Elle peut de nouveau respirer. (p. 172)
L’odeur de la neige
Comme dans L’Amour humain où l’odeur de la neige reste prisonnière des plis de la robe d’Anna « comment expliqué ce qu’était, pour lui, la senteur de la neige dans les plis de cette robe de laine grise ? » (p. 159) ou dans Le Testament français « la senteur du bois brûlé » se mêle « avec le froid que Charlotte portait dans les plis de son manteau… (p. 250), « Une bouffée de brouillard [qui] semble s’échapper des plis de [l]a veste[9] » de Serge, le mari de Laura. La neige tourbillonne dans le roman : « Une neige très lente, presque immobile, plane dans l’air nocturne. On ne voit plus les murs, juste cette voltige sommeilleuse qui édifie le monde à la verticale. De légers frissons pointillent son corps qui devient froid, léger, fragile » (p. 103). Neige qui recouvre les pas des deux protagonistes dans Les 20.000 femmes de la vie d’un homme : « Ils reviennent à la maison sous une dense chute de neige. Nulle part, il ne retrouve les traces qu’ils ont laissées en venant vers l’étang » (p. 272) et dans Le Monde selon Gabriel où Ricardo l’appelle en thème de l’écriture « Et puis la mer d’où semblait venir comme un souffle très doux, mais surtout cette neige très lente au-dessus de la mer. L’essentiel était déjà là, le reste, c’est-à-dire ma vie d’après, n’était qu’une série de glorieuses futilités… […] Et encore un portrait, celui d’un acteur débutant qui marchait le long de la mer avec la femme qu’il aimait le plus au monde, un jeune homme qui pleurait tant la beauté de la neige au-dessus de la mer nocturne qui disait son amour » (p. 119, pp. 139-140) et Gavroche la voit tomber sur la mer en une lente chute « Regardez, Gabriel, il neige sur la mer » (p. 158).
À l’âge adulte et après un mariage désagrégé, Alexis Taraneau participe à une croisière entre Helsinki et les îles Lofoten sur le Queen of the Baltic, paradis du sexe où il vit ses fantasmes les plus fous : « Elle déclamait, visage impassible de poupée mécanique, le repoussait avec les baleines et il sentait que ces strophes l’entraînaient vers un paradis positivement fou mais le seul digne de ce nom. Puis la crinoline est retombée, la déclamation s’est tue, et tout s’est divisé en ce haut fardé de blanc, et ce bas, découvrant un entrejambe presque brûlant, encore vibrant de poursuite et de combat » (p. 17). La femme pratiquement sciée en deux parties si dissemblables évoque l’une des visions d’Aliocha embusqué sur une péniche avec son ami Pacha dans Le Testament français (1995) :
Ce premier hublot. Et le deuxième. Cette femme aux paupières lourdes de sommeil, son habit et sa coiffure très ordinaires. Et cette autre. Cette croupe nue dressée, cette chair blanche dans laquelle s’enlisait un homme paraissant fluet à côté d’elle, ces épaisses cuisses, ce mouvement pesant des hanches. Dans ma jeune tête affolée, aucun lien ne pouvait associer ces deux images. Impossible d’unir ce haut d’un corps féminin à ce bas ! (p. 213)
Ce blanc de la chair nue aussi lié au désir dans deux œuvres fondamentales de la littérature occidentale aurait-il inspiré Osmonde et Makine ? En effet, L’Amant de Lady Chatterley[10] où Lady Chatterley succombe au charme de son amant après avoir contemplé la blancheur de son corps et La Bête humaine[11] dans lequel Jacques est littéralement obsédé par l’innocence et le blanc de Flore, attirée par lui, montrent tous les deux avec insistance l’importance accordée à cette teinte par les protagonistes.
Jeux de miroir
Makine et Osmonde paraissent avoir tous les deux des affinités avec le symbole spéculaire et une prédilection pour surprendre le lecteur. Dans La Fille d’un héros de l’Union soviétique, la réflexion du ciel dans le miroir de Tatiana saisit le lecteur alors qu’il s’attend à la représentation traditionnelle de la brillance ternie par la buée de l’exhalation du blessé sur le champ de bataille :
Alors Tatiana, les mains humides et insensibles, chercha à la hâte dans sa poche un petit éclat de miroir, l’essuya avec morceau de charpie et le porta aux lèvres du soldat. Dans cet éclat passa le bleu du ciel, un arbuste miraculeusement préservé et couvert de cristaux. Une matinée de printemps éclatante. Le quartz scintillant du givre, la glace fragile, le vide ensoleillé et sonore de l’air.
Soudain tout cet espace glacé s’adoucit, se réchauffa, se voila d’une petite ombre de brume. Tatiana sauta sur ses jambes et, brandissant l’éclat d’où s’effaçait rapidement la buée légère du souffle, cria :
– Mania, il respire ! (p. 14)[12]
Dans Le Voyage d’une femme qui n’avait plus peur de vieillir, « [Laura] pousse la porte, le miroir se détourne d’elle, se remplit du feuillage ensoleillé et du ciel » (p. 151). Et dans L’Œuvre de l’amour, « L’éclat du miroir captait le bleu éblouissant du ciel et, par moments, le jaune vif d’une branche au-dessus de la grille » (p. 160) ainsi que « Le reflet de cette fenêtre, dans un grand miroir, ces rideaux qui laissaient voir ce que le photographe n’avait certainement pas remarqué : des arbres nus aux branches alourdies de neige, un réverbère dans le crépuscule, l’instant suspendu d’une vie » (p. 181). Toujours le ciel surprenant le lecteur : « Par un jour lumineux de printemps, je repassai à l’entrée du tunnel où s’engouffrait le périphérique qui longeait le bois de Vincennes. La jeune métisse droguée n’y était plus. Seul, calé contre un barreau de la grille, son petit miroir reflétait l’aveuglante limpidité du ciel » (p. 170). Godbarsky devenu photographe pour revues pornographiques par la force des choses imagine ses lecteurs devant ses photos et leur bout de ciel : « Ce lecteur suivrait le regard de la Polonaise et découvrirait dans l’enfilade fuyante d’un miroir non pas une plage de Jamaïque mais le reflet de la chute du jour et cette neige très lente qui voltigeait, ce soir-là, à Hambourg. Je me considérais comme professionnel car je parvenais à fixer ces instants de grâce au-delà du magma des chairs accouplées » (p. 190). N’est-ce pas simplement Osmonde, l’auteur, parvenant à fixer ces « instants de grâce » par l’écriture au-delà des phrases et des mots, faisant surgir par son art les images à l’esprit du lecteur ? D’un autre côté, cette insistance à incruster des éclats de ciel dans ses photos, Godbarsky ne la partage-t-il pas avec Outkine dans Au temps du fleuve Amour découvrant à son ami ses dessins et la devise dont il s’inspire : « Mais l’essentiel, tu vois, c’est que dans chaque séquence il y a un bout d’horizon, une ouverture, un pan de ciel… » (p. 203).
Docteur Makine et Monsieur Osmonde ?
Andreï Makine et Gabriel Osmonde recherchent tous les deux un langage nouveau, inconnu pour dire les choses comme eux seuls les ressentent : « Il me fallait trouver une tout autre langue. Je pensai que cette quête guiderait désormais chaque jour de ma vie[13] » déclare Osmonde. N’est-ce pas en écho « la langue d’étonnement » découverte par Aliocha qui avoue « Seuls me manquait encore les mots qui pouvaient le dire » (p. 309) ?
Ainsi le lecteur pourra-t-il s’interroger devant le nombre relativement élevé de résonnances dans les deux œuvres. Toutefois, les dissemblances sont tout aussi flagrantes. Bien que tous les deux écrivent dans un style ample, mûr et riche, Osmonde est nettement plus métaphysique que Makine. D’autre part, les thèmes principaux des œuvres diffèrent considérablement de même que la composition des romans et le comportement des personnages même si comme nous avons pu le constater dans cette brève étude, leurs réflexions et leurs préoccupations sont très similaires sur beaucoup de points. Quoi qu’il en soit, il s’agit de deux auteurs distincts et divergents dans leur approche du quotidien et le dépassement de celui-ci que l’un soit le pseudonyme de l’autre ou non. Il est très possible de discerner en Gabriel, écrivain de la pièce de théâtre de Makine, un portrait fictionnalisé de Gabriel Osmonde qui a écrit un roman où le même personnage que celui du roman de Gabriel officie. D’autre part, nous avons pu relever de nombreuses passerelles entre les deux œuvres et aussi entre les romans d’Osmonde entre eux. Toutefois, il faudra une étude plus approfondie de l’œuvre d’Osmonde pour se prononcer avec exactitude sur les relations entre les deux auteurs. La question : Docteur Makine et Monsieur Osmonde ? reste ouverte à une investigation ultérieure.
Notes
[1] Andreï Makine, Le Monde selon Gabriel. Mystère de Noël, Paris, Éditions du Rocher, 2007.
[2] Gabriel Osmonde est l’auteur de plusieurs romans : Le Journal d’une femme qui n’avait plus peur de vieillir, Paris, Albin Michel, 2001 ; Les 20.000 Femmes de la vie d’un homme, Paris Albin Michel, 2004 ; L’Œuvre de l’amour, Paris, Pygmalion, 2006 ; Alternaissance, Paris, Pygmalion, 2011.
[3] Gabriel Osmonde, Les 20.000 Femmes de la vie d’un homme, op. cit., p. 239.
[4] Gabriel Osmonde, Le Voyage d’une femme qui n’avait plus peur de vieillir, op.cit., p. 185.
[5] Gabriel Osmonde, Le Voyage d’une femme qui n’avait plus peur de vieillir, op. cit., p. 84.
[6] Andreï Makine, Le Testament français, Paris, Mercure de France, 1995.
[7] Gabriel Osmonde, Le Voyage d’une femme qui n’avait plus peur de vieillir, op. cit., p. 78.
[8] Ibidem, p. 78.
[9] Gabriel Osmonde, Le Voyage d’une femme qui n’avait plus peur de vieillir, op. cit., 2004, p. 99.
[10] David Herbert Lauwence (D. H. Lauwrence), L’Amant de Lady Chatterley (1928), Paris, Gallimard, coll. Folio, 1995.
[11] Émile Zola, La Bête humaine (1890), Paris, Gallimard, coll. Folio, 2001.
[12] Cf. Murielle Lucie Clément, « Makine, Bounine, Tchekhov, Tolstoï : rhétorique de la séduction, sémiologie du ciel », dans Margaret Parry, Claude Herly et Marie Louise Scheidnauer (dir.), Andreï Makine : le sentiment poétique. Récurrences chez Bounine et Tchekhov, Paris, L’Harmattan, 2008, pp. 195-209.
[13] Gabriel Osmonde, L’Œuvre de l’amour, op. cit., p. 51.